Frissons, vertiges et sueurs froides sur la route du Sani Pass
mythique sani pass, ce col auquel nous voulions nous frotter sans faute avant de quitter l’afrique australe
épique cette épopée panoramique puisque nous l'avons abordé à deux roues
héroïques nos motards qui se sont mesurés au dénivelé et à la piste caillouteuse déchirée par les pluies d’été...
et je vous assure que j’utilise ces qualificatifs à raison, tant notre road trip à 13 (cela aurait dû nous alerter) a été rude et challenging !
la sulfureuse et redoutable réputation du sani pass
ce col de haute montagne, qui offre la promesse de tutoyer le toit de l'afrique, culmine à une altitude de 2 876 mètres au-dessus du niveau de la mer
pour le moins escarpé et sinueux, il affiche un dénivelé de plus de 800 mètres sur 8 kilomètres de long
les pentes moyennes sont de 20%, les lacets se présentent avec des angles compris entre 130˚ et 180°, et sur le sommet, les sections se font encore plus verticales
situé à l'extrémité ouest de la province du kwazulu-natal, entre les contrôles frontaliers de l’afrique du sud et du lesotho, il est la porte d'entrée de la route panoramique qui relie la chaîne montagneuse du drakensberg aux montagnes nord du « royaume au-dessus des nuages »
cette région possède le statut convoité de site du patrimoine mondial et sa route notoirement vertigineuse ne peut se pratiquer strictement qu’en véhicule à quatre roues motrices ou à moto tout-terrain (l’autorité frontalière juge d’ailleurs au bas du col si votre véhicule est adapté au trajet et à la hauteur du défi !)
sur 8 kilomètres, s’enchainent gymkhanas sinueux, chicanes, épingles à cheveux, chutes plongeantes et autres embûches dans un décor à couper le souffle l'itinéraire est hérissé de difficultés pour les 4x4 rompus à l'exercice, mais imaginez l’épreuve à deux roues !
les pilotes doivent pouvoir compter sur leur adresse et leur expérience à maîtriser leur machine, des GS 1200, qui pèsent au bas mot 270 kilos…
pour la petite histoire...
connue pour être l'une des routes à lacets les plus difficiles au monde, le sani pass a été construit dans les années 1950 et reste un challenge auquel on n’improvise pas de se frotter sans mesurer le soupçon dramatique que peut conférer sa traversée
- la route est en réalité une piste ponctuée de trous, de rochers meubles, de graviers et de terre,
- le dénivelé de la pente est impressionnant, les perspectives et les profondeurs peuvent vous retourner l'estomac...
- la météo versatile en hiver comme en été peut rendre la route chaotique voire impraticable
- sans compter les croisements à négocier avec des à-pics vertigineux
gravir le col nécessite une expérience de conduite plus qu’avérée
il faut se préparer à naviguer sur des pentes indubitablement raides et une surface médiocre et changeante, à réduire la vitesse à seulement 20 km/h à certains endroits en flirtant avec le précipice
il faut ne jamais sous-estimer les conditions météorologiques imprévisibles qui peuvent engendrer un contraste de températures extrême (la route est généralement fermée pendant les mois d'hiver de l'hémisphère sud, de mai à juillet) : une vérité commune dit que vous pouvez avoir quatre saisons en une journée !
ce 18 mars, à la fin de l’été austral, des cascades débordent de leurs couloirs naturels pour s’échapper en contrebas immergeant la route et rendant aléatoire notre progression
le passage de guets devient parfois un obstacle, à l’ombre des imposantes falaises de basalte
oh, bien sûr, la priorité est donnée aux véhicules dans la montée (et heureusement...)
deux ou trois stops pour apprécier la vue et prendre quelques photos, d’autres pour aider les motards à redresser leur machine à terre (270 kilos, le défi de relever la bête est collectif)... la montée du sani pass est technique, sportive, et l’arrivée à son sommet se mérite !
le col côté lésotho ferme à 18 heures, et ce n’est pas le moindre des challenges de respecter le timing quand on entame le parcours vers 15 heures et que l'on avance en procession à 5 motos et 2 voitures…
nos efforts ont finalement été récompensés en atteignant le point culminant un quart d'heure avant la fermeture qui nous aurait mis à mal !
une fois les formalités de douane accomplies, nous avons rejoint le plus haut pub d'afrique australe (à 2 874 mètres)
si vous y logez, comme nous, vous profiterez de rondavels avec feu dans le poële préparé pour votre arrivée (même en mars et en fin d’été, il a été apprécié !)
bref, vous l'aurez compris, il faut être fanatique pour se mesurer au sani pass, qui plus est à moto…
sujets au mal des montagnes et aux vertiges, s’abstenir !
fantastique beauté, brute et sauvage, d'un paysage accidenté qui nous a rudoyés
jugez-en plutôt d’après photos, même si aucune ne pourra rendre justice à ce panorama à couper le souffle !
nota bene
si l'expérience vous tente, dépêchez-vous car le sani pass est en train d'être modernisé : il est déjà goudronné depuis Underburg/Himeville jusqu'au pied du col et cette transformation entame le charme de l’exercice
la route sera goudronnée dans sa totalité éminemment (soit dit en passant par les chinois, qui ont été mandatés pour construire cette route, moyennant intérêts à développer des structures hôtelières)...