carnets d'islande # 6
non, l'islande n'est pas un no man's land...
le fait que tous les sites, touristiques ou pas, soient libres d'accès, sans passage aménagé, balisage, ni garde-fou (!) évite que les visiteurs ne se retrouvent agglutinés en un même espace
si l'on fait le parallèle par exemple avec la région nord-pas de calais qui a quadrillé les caps blanc nez et gris nez de barrières pour interdire l'accès aux abords des falaises, on peut constater, navrés, qu'il n'y a aucune commune mesure avec la manière des islandais d'envisager leur rapport à la nature
l'islande livre ses fabuleuses richesses naturelles à l'état brut (et pour autant, aucun papier ni déchet observé nulle part !), et ce n'est pas sans m'avoir causé quelques frayeurs
mon coeur de maman a souvent cogné, et ce sixième jour plus que tous les autres...
la chute de dettifoss est la plus puissante d'europe, affichant un débit moyen de 200m3/seconde, et aucune mise en garde ne signale le danger de s'approcher de ses eaux tumultueuses qui semblent bouillonner telles les marmites du diable !
autant j'ai pu admirer d'autres chutes, celle-ci m'a totalement tétanisée... impossible de m'approcher, et même utiliser le zoom me crispait tant j'avais l'impression que mes tendres et chers pouvaient à tout moment trébuché !
islande, terre à sensations... je peux vous dire aussi que quand vous empruntez un tunnel de 5/7 km (parfois à double sens avec une voie de circulation et des aires de garage...), vous essayez d'oublier que cette terre-là peut être colérique, s'ouvrir en deux à tous moments...
bref, j'étais donc bien soulagée de reprendre la route vers le nord et j'ai apprécié plus que tout notre halte à une terrasse dans le joli port d'husavik où nous avons eu du mal à repartir pour prendre la direction du lac myvatn
la nature est joueuse...
à namafjall, elle déploie la gamme fauve produite par les solfarates : de grosses bulles à odeur de soufre (donc d'oeuf pourri...) crèvent dans la boue comme dans un brouet de sorcières !
à côté du lac bleu turquoise de viti, au pied du mont krafla (dernière éruption en 1984), elle a fabriqué à dimmurborgir un lac rempli non d'eau mais de lave figée...
un détour dans les eaux thermales de jarbödin avant de rejoindre notre cottage family
ce soir-là, le ciel joue au somnambule entre jour et nuit, sous une lune impériale !