street art #1
si joburg fait figure de bébé balbutiant au regard de son aînée, new-york, elle cavale à grands pas pour se faire une place sur la scène internationale du street art !
l'étiquette de nation arc-en-ciel lui colle à la peau au sens propre du terme tant ses quartiers explosent sous la palette des artistes de rue qui ont investi par dizaines l’espace pour s’exprimer : les murs des buildings, les ponts, les ruelles cachées, les cours de lots désaffectés et autres lieux underground, et ce dans le cœur de Newtown, dans des quartiers devenus hype, comme dans les townships…
Joburg est un musée à ciel ouvert et cela mérite une visite uniquement consacrée à ce thème !
spécialiste de cette expression populaire, Jo est une guide passionnée et passionnante qui organise des tours pour apprendre à différencier et décoder les différentes représentations graphiques du street art :
- le tag est une simple signature ou un pseudo gribouillé apposé sur des mobiliers urbains, signalisation routière, boîtes-aux-lettres... ces inscriptions sont toujours considérées comme un acte de vandalisme, donc illégales
- le graffiti est une forme d’art urbain qui peut être exprimée en toute légalité ; c’est un moyen d’expression à vocation esthétique, ludique, événementielle, militante, contestataire, amoureuse… qu’il s’agisse de symboles religieux, d’inscriptions militaires, de slogans publicitaires ou politiques, de décors mettant en scène silhouettes humaines ou animales, de simples ornements ou symboles... ces dessins en disent long sur les modes de vie et les centres d’intérêts de l’époque dans laquelle ils s’inscrivent
un graffiti est illégal lorsqu’il est réalisé sur une surface non autorisée, mais de plus en plus souvent, il s’agit de commandes de propriétaires de murs privés ou des instances publiques et ces fresques murales, très travaillées, sont alors appelées master pieces
le matin de notre visite, Jo était accompagnée d'un jeune étudiant en archéologie, graffeur lui-même ; il a apporté au groupe des détails techniques sur
la façon de travailler des artistes, il nous a appris comment décrypter les signatures à travers les lettrages hyper travaillés
cet art dont le but est d’interpeler et impressionner le spectateur est basé sur une technique commune, des croquis en amont ou de l’improvisation, mais le maniement des aérosols, l’utilisation de surfaces extravagantes, pour un résultat hétéroclite, des styles fort différents, identifiables pour un œil averti !
citons à ce titre Mars, l’un des plus prolifiques (ses couleurs vibrantes, son style malicieux, unique, lui permet aujourd’hui d’afficher une grande influence), tapz et ses animaux hallucinés, kraftsman, mein163, martha cooper, wu-128, dread, ROA, rasty… (si cela vous intéresse de percer leur travail, ils ont quasiment tous des comptes instagram)
après un rejet quasi systématique des autorités, le street art s’est bâti une reconnaissance
il s’agit désormais d’une véritable institution à Johannesburg, leurs auteurs ont même su acquérir la confiance des galeristes
pour conclure, comme l’a écrit norman mailer dans The Faith of Graffiti “ l'art des graffitis est un oiseau sauvage qui ne se laisse pas apprivoiser ! Il est le cri de révolte et d’affirmation de soi de la jeune tribu qui projette les apocalypses futures sur les parois des nouvelles cavernes urbaines, il est un art du refus qui s’exprime dans des lieux bien ciblés de l’espace urbain, selon une stratégie de la visibilité. Il est offert aux passants anonymes par des artistes qui ne sont pas tous anonymes, pour un moment d’arrêt dans la turbulence, une grimace dans la banalité ambiante ou un sourire pour réchauffer un mur lépreux”